L'histoire se répète dans la construction du Limbourg. Comme il y a 19 ans, il s'agit d'un Baars dont les révélations ont contribué à l'ouverture d'une vaste enquête sur la corruption.En 2006, Henk Baars s'est rendu à plusieurs reprises à l'hôtel de ville de Voerendaal. Au cours de deux entretiens approfondis avec l'ensemble du conseil, le constructeur de routes a déversé sa longue bile sur les méthodes de Janssen de Jong. Baars est frappé par le fait que son grand concurrent a toujours réussi à lui voler des contrats sous le nez. En tant que "dénonciateur", Baars a fait part à Voerendaal de ses soupçons sur des choses qui ne pouvaient pas être révélées au grand jour. D'ailleurs, Baars ne s'est pas seulement épanché à Voerendaal, mais aussi à l'hôtel de ville de Heerlen et à la police. À condition que personne ne l'apprenne. Il est donc remarquable que le ministère de la Justice indique aujourd'hui dans son dossier pénal que Baars a révélé aux enquêteurs et aux directeurs avec lesquels il s'est entretenu confidentiellement que le directeur régional Ron A. de Janssen de Jong Infra B.V. "exerçait des pressions sur ses propres employés et fonctionnaires pour qu'ils obtiennent et exécutent des missions". Le dossier révèle également la manière dont A., détenu depuis le 27 janvier, s'y prenait habituellement : les fonctionnaires étaient fêtés par des visites à la Coupe du monde de football ou au Grand Prix de Monaco, ou on les aidait à rénover leur maison. Pour le journal, Henk Baarsin ces dernières semaines était injoignable. Il est le fils du "vieux Sjaak", fondateur de l'entreprise de construction éponyme qui a figuré en bonne place dans la précédente grande enquête sur la corruption dans le secteur de la construction du Limbourg au début des années 1990. Ce Sjaak était, à son tour, à l'origine de ce qui a donné naissance à la "République des amis" : une image relatée par ce journal dans des centaines d'articles, selon laquelle des dizaines de constructeurs de routes, de promoteurs immobiliers, d'architectes et d'installateurs provinciaux ont versé des millions de florins en "pots-de-vin" à des bourgmestres, des échevins et des fonctionnaires. Presque naturellement, parce que c'est ainsi que les choses se sont développées au cours de l'histoire, et par crainte de manquer des contrats, parce que quiconque refusait de faire des affaires à la manière des "pots-de-vin" savait qu'il serait expulsé de la "République des amis". Et qu'il deviendrait fragile. Le vieux Sjaak Baars n'a jamais caché ses pratiques de corruption lors d'une conversation avec deux employés du Service de renseignement et d'enquête fiscale en juillet 1990. "Nous achetons parfois du travail. Je ne dépenserai jamais d'argent sans un accord en retour. Celui qui reçoit l'argent doit aussi penser à mes affaires. Baarssenior a d'ailleurs refusé de citer des noms.
La vie privée de ses "amis" était sacro-sainte pour lui. Sans plus attendre, le constructeur de routes de Klimmen nous a expliqué qu'il avait ouvert un compte à la Nederlandse Middenstands Bank de l'époque, spécialement pour le versement de ses pots-de-vin. Des dizaines de fois par an, il collectait des montants en espèces allant de 2 500 à 30 000 florins dans les succursales de la NMB à Valkenburg, Haelen, Heerlen et Maastricht. Ces sommes, qui s'élevaient en moyenne à plus de trois tonnes par an, figuraient simplement sur sa déclaration d'impôts. Sous la rubrique "représentation, bonne volonté et cadeaux".
Le service national d'enquête criminelle n'aura pas eu la tâche facile cette fois-ci dans ses preuves contre Janssen de Jong. Au cours des dernières semaines, 11 employés de l'entreprise ont été arrêtés parce qu'ils étaient soupçonnés d'avoir corrompu sept fonctionnaires. L'épouse d'un des fonctionnaires est également détenue. Baars Aannemings- en Wegenbouwmaatschappij BV a survécu à l'affaire Vriendenrepubliek, co-initiée par son père Sjaak, ainsi qu'à l'enquête parlementaire sur le secteur de la construction qui a suivi. Comme beaucoup d'autres entreprises de construction routière, l'entreprise a eu du mal à s'adapter aux nouvelles mœurs des municipalités, qui lançaient plus souvent qu'auparavant des appels d'offres pour les travaux. Baars a toujours perdu la bataille. Le 23 septembre 2008, la faillite est déclarée. Sjaak Baars, qui n'a jamais été condamné pour avoir versé des pots-de-vin, n'a pas vécu pour le voir. Il est décédé le 3 mars de l'année dernière.