Ralph P., 41 ans, Brunssummer, n'est pas un producteur de pilules de captagon, qui finissent par être utilisées comme remèdes pour les djihadistes au Moyen-Orient. Il a simplement mis son hangar à la disposition d'une connaissance pour la production de ces drogues de synthèse. C'est ce qu'a affirmé M. P. devant le tribunal de Rotterdam mercredi, où il a été condamné à cinq ans de prison.
Environnement médicamenteux
Cette sanction, selon l'accusation, est justifiée car il ferait partie du milieu de la drogue, se protégeant des intrus avec des armes et des caméras et blanchissant plusieurs milliers d'euros d'argent de la drogue en réglant de gros achats en liquide.
La perquisition effectuée en avril dernier dans la ferme de P., située dans la Titus Brandsmastraat, à la périphérie de Brunssum, a fait la une des journaux nationaux, car on y a découvert plus de trois kilos de pilules portant le logo "captagon". C'était la première fois que ce stimulant était découvert aux Pays-Bas. Il est utilisé, entre autres, par les djihadistes de l'IS, qui s'en servent pour supprimer la peur, la faim et la fatigue. Des dizaines de kilos d'amphétamine ont également été trouvés.
Monde arabe
Un lien entre la production à Brunssum et le Moyen-Orient n'a jamais été prouvé, selon les autorités judiciaires. En outre, aucune pilule n'a été transportée depuis le hangar, car la machine à comprimés n'a fonctionné qu'une seule journée. Il est possible que le lien avec le monde arabe apparaisse encore si les deux principaux suspects en fuite sont arrêtés. Leur ADN a été trouvé dans le hangar de P. ; il s'agit de deux connaissances de la police.
L'un d'entre eux était une connaissance de Ralph P. Il voulait louer son hangar pour une semaine au prix de 2 500 euros. "Je savais qu'il faisait quelque chose de mal, mais je ne lui ai pas demandé pourquoi il avait besoin de l'abri. Je l'ai fait par la suite. Il m'a alors dit qu'il voulait y stocker des pilules", a expliqué Ralph P.
Hoover
P. nie avoir participé à la production, ayant seulement acheté un aspirateur, des gants, des masques buccaux et un bac à mortier pour les auteurs. Le fait qu'il se soit tenu dans le hangar le matin précédant le raid avec un masque buccal et des gants ne fait pas de lui un producteur, affirme son avocat Serge Weening.
"Il a commis des erreurs stupides en peu de temps", a déclaré M. Weening. Il s'agit de la pépinière de chanvre qu'il avait dans une pièce à côté et des trois armes à feu et des munitions qu'il avait chez lui. Deux armes étaient des héritages involontaires de son père, la troisième était un paiement d'une personne ayant une dette envers P.
Travailleur acharné
Car le Brunssummer, détenu depuis avril, est un travailleur acharné qui gagne de l'argent en effectuant des petits travaux comme couper des arbres, fendre du bois, remettre en état et vendre des voitures. C'est ainsi qu'il obtient de grosses sommes d'argent. Weening estime qu'un an et demi de prison, dont une partie avec sursis, est approprié en raison de la possession d'armes, de la location d'un hangar et de la pépinière de chanvre.
Son ex-compagne devrait être acquittée, selon son avocate Françoise Landerloo. Elle est également accusée de blanchiment structurel d'argent et de détention prohibée d'armes, ce qui devrait lui valoir un an et demi de prison, selon l'accusation. Mais Me Landerloo soutient qu'elle ne pouvait pas être au courant de l'existence des armes et qu'elle tirait honnêtement ses revenus de cours de yoga, d'une pension alimentaire et de dons de la famille.