Les avocats Françoise Landerloo et Wouter Smeets vont poursuivre l'Etat néerlandais pour trafic d'êtres humains. Selon eux, le gouvernement de notre pays est coupable en participant à la politique européenne de redistribution des réfugiés. Les avocats pénalistes ont préparé un acte d'accusation, ont-ils déclaré à De Telegraaf.
La raison immédiate de la démarche des deux juristes de Maastricht est la clé de répartition obligatoire des réfugiés récemment adoptée par le Conseil "Justice et affaires intérieures" de l'Union européenne. En effet, l'Italie et la Grèce ne peuvent plus faire face à l'afflux massif de réfugiés.
Cette clé de redistribution signifie que les réfugiés sont d'abord enregistrés, puis répartis au prorata. Notre pays "prendra en charge" environ 7 000 réfugiés au cours des deux prochaines années. Le règlement de Dublin, qui stipule que les demandes d'asile doivent être traitées dans le pays d'entrée, ne s'appliquera pas à ces personnes.
Pour chaque "réfugié adopté", 6 000 euros seront versés. "La conséquence directe est que les réfugiés sont enregistrés dans le pays d'entrée, le plus souvent l'Italie ou la Grèce. Mais ensuite, sans avoir de statut de résident, ils sont amenés dans notre pays par ou à cause du gouvernement néerlandais afin de pouvoir demander l'asile ici à un certain endroit", expliquent Smeets et Landerloo.
"En fait, le gouvernement néerlandais ne fera rien d'autre que ce que d'autres personnes sont soupçonnées de faire : transporter des réfugiés d'un endroit A à un endroit B en Europe. S'il s'agit d'un trafic d'êtres humains, alors le gouvernement néerlandais devient lui aussi un passeur. La grande question est de savoir si cela est autorisé", poursuit le duo d'avocats.
"L'idée répandue parmi les citoyens est que pour un délit tel que le trafic d'êtres humains, les réfugiés doivent payer les passeurs présumés. Ce n'est pas du tout vrai et cela prouve autre chose : le paiement n'est qu'une infraction punitive et n'est donc pas une condition explicite pour le trafic d'êtres humains".
"Par ce processus, nous voulons vérifier si le gouvernement néerlandais est autorisé à redistribuer les réfugiés sans savoir à l'avance si ces personnes recevront un permis de séjour. Il s'agit donc d'une question purement juridique et non d'une déclaration politique. Cette question est totalement indépendante de la question de savoir si les Pays-Bas doivent accueillir des réfugiés et combien ils doivent en accueillir", a souligné M. Landerloo.
Landerloo et Smeets interviennent souvent en tant qu'avocats dans des affaires de traite des êtres humains et de trafic d'êtres humains. Geert Jan Knoops, professeur de droit pénal international, estime que cette question est "intéressante". "C'est une bonne chose que la lumière soit faite sur ce sujet. C'est très spécial que des gens veuillent l'exposer de cette manière. Il faudra alors prouver que l'entrée des réfugiés aux Pays-Bas était illégale".